christine gendre-bergère

Double-Je

« Il faut que tout change pour que rien ne change », telle est la conclusion désabusée que partagent le prince Don Fabrizio Salina – Burt Lancaster- et son neveu Tancrède Falconeri -Alain Delon- , dans le film Le Guépard de Luchino Visconti. « Se vogliamo che tutto rimanga come è, bisogna che tutto cambi » en VO.
Les autoportraits gravés de Rembrandt, réalisés sur une quarantaine d’années, se sont imposés à moi pour représenter cette dialectique entre la métamorphose et la permanence. Et comment mieux dévoiler ce double jeu/je qu’en superposant, en mêlant, sur chaque estampe plusieurs visages de cet artiste unique ? J’admire l’œuvre gravée de Rembrandt. Ses très nombreux autoportraits, peints ou gravés, réalisés entre 1626 et 1669, le représentent souvent déguisé, avec chapeaux et accessoires. Il se travestit en différents personnages, un apôtre, un soldat, un pauvre, un riche… On le voit vieillir, exprimer diverses humeurs, du jeune aux cheveux rebelles, au vieux sage ou décrépit, usé par les avatars et les deuils de sa vie.

Je voulais lui rendre hommage. Je me suis lancée à le « re-graver », jouer avec son visage, le trahir sans doute. Qu’il me pardonne de présenter cette ultime métamorphose !

R. 1630 (a)
R. 1630 (b)
R. 1639 ( a)
R. 1639 (b)
R. 1651 (a)
R. 1651 (b)